« La mémoire, au fond, n’est rien d’autre que la trace qui reste d’un apprentissage. »
[Bruno Dubuc]
Exercer sa mémoire contre l’oubli
On oublie surtout les choses qui n’ont pas été encodées assez solidement dans nos réseaux de cellules nerveuses. L’oubli se distingue en cela de l’amnésie qui est une perte de mémoire excessive due à une lésion cérébrale ou un traumatisme psychologique.
Il n’existe pas de pilule miracle pour améliorer sa mémoire.
Il n’y a aucune preuve scientifique que les vitamines, sels minéraux, gélules ou autres granules vendus pour avoir des effets sur la mémoire en ont vraiment. Ils sont peut-être bons pour votre santé, et certainement pour celle des compagnies pharmaceutiques qui les vendent, mais c’est tout.
La mémoire est un phénomène complexe qui affecte de nombreux circuits de neurones renforcés grâce à différents types de neurotransmetteurs qui se fixent aux récepteurs (les » clés » qui ouvrent les » serrures « ). Plusieurs recherches portent sur des substances capables de ralentir les pertes de mémoire de certaines maladies dégénératives. Mais l’introduction de substances extérieures dans le délicat équilibre de nos neurotransmetteurs risque davantage de perturber notre mémoire que de l’améliorer.
Par exemple, la caféine nous stimule en élevant notre taux d’adrénaline. Cela peut nous aider à nous concentrer sur le moment, mais à long terme la caféine est aussi génératrice d’anxiété et d’insomnie, toutes deux néfastes à la mémorisation.
Oubli et mémoire, on peut cependant améliorer cela de deux façons :
1 – en ayant une bonne hygiène de vie, en particulier en ayant suffisamment de sommeil.
Contrairement à ce que l’on entend parfois, on ne peut pas apprendre de nouvelles choses en dormant (en écoutant une cassette par exemple), mais on retiendra mieux les choses apprises durant la journée grâce à une bonne nuit de sommeil complète.
Le recours aux somnifères ne favorise toutefois pas une bonne mémoire parce qu’ils diminuent le temps du sommeil paradoxal, une phase du sommeil qui jouerait un rôle dans la mémorisation.
2 – en faisant des exercices qui font travailler la mémoire.
Par exemple, la lecture est un excellent moyen d’exercer la mémoire car elle met en jeu, en permanence, l’attention, la perception visuelle, la construction d’images mentales, l’organisation des informations, etc… qui sont toutes essentielles à une bonne mémoire.
Finalement, tout ce qui mobilise l’attention et suscite notre intérêt favorisera le souvenir, que l’on fasse intervenir la répétition où que l’on organise mentalement le matériel à mémoriser.
Types d’Amnésies
L’amnésie est une perte importante de mémoire, une perte plus grande que le simple oubli qui survient normalement dans la vie de tous les jours.
Ces troubles importants de la mémoire peuvent affecter certains domaines alors que d’autres restent intacts. Par exemple, les souvenirs lointains sont souvent mieux préservés que ceux du passé plus récent. La mémoire des habitudes (procédurale) est d’habitude aussi mieux conservée que la mémoire des faits et des événements.
Il est donc rare que l’amnésie d’une personne soit totale. De plus, avec le temps, on assiste souvent à une récupération progressive des souvenirs, que ce soit ceux d’avant ou d’après l’accident à l’origine de l’amnésie.
L’amnésie n’est pas tant une maladie en elle-même qu’un symptôme d’une lésion ou d’un désordre au cerveau. On distingue d’ailleurs deux grands types d’amnésies selon le trauma qui est à son origine : celles qui sont dues à des lésions cérébrales et celles qui ont des causes psychologiques.
Une autre amnésie
Une amnésie que plusieurs ont expérimenté est celle qui survient lors d’une anesthésie générale. Le succès d’une telle anesthésie dépend non seulement de l’absence de réaction à l’acte chirurgical et à la douleur, mais aussi de l’absence de souvenir de la douleur ou de tout autre événement durant l’opération.
Amnésie Antérograde et Rétrograde
Lorsqu’une personne est victime d’un accident entraînant une amnésie, on cherche d’abord à savoir si la perte de mémoire se rapporte à des informations apprises avant ou après l’accident.
On parle d’amnésie rétrograde lorsque la personne ne se souvient plus des événements de sa vie survenus avant la lésion.
Le contraire, quand elle ne peut plus acquérir de nouveaux souvenirs à partir du moment de l’accident, est appelé amnésie antérograde.
Les deux peuvent se combiner en proportion variable et avoir des causes associées différentes. Mais dans tous les cas, les souvenirs les plus lointains, comme ceux de l’enfance, tendent à être conservés.
L’amnésie antérograde donne lieu à d’étranges situations. Les gens qui en souffrent oublient l’identité de leur médecin et le salue à chaque rencontre comme si c’était la première fois qu’ils le voyaient.
Ils doivent aussi user de toutes sortes de stratégies pour mener une vie en apparence normale. Par exemple, ils vont traîner un petit carnet dans lequel ils notent tout ce qu’ils font à chaque jour pour que, s’ils sont questionnés à ce sujet, ils puissent répondre quelque chose. Et s’ils n’ont noté que le titre d’un spectacle qu’ils ont vu, ils n’auront, en le relisant, pas la moindre idée si c’était bon ou pas…
Les amnésies peuvent toucher sélectivement différents types de mémoire
Différents types de mémoire que l’on peut classifier selon leur durée ou le type d’information à se rappeler. (Voir les effets du vieillissement sur la mémoire)
Une autre façon de classifier nos capacités mnésiques est de considérer si le contenu à mémoriser a eu lieu dans le passé (la mémoire rétrospective) ou si c’est quelque chose qui doit advenir dans le futur et qu’on doit ne pas oublier (la mémoire prospective).
Alors que la mémoire rétrospective peut être de nature sémantique ou épisodique, la mémoire prospective peut également se subdiviser en deux types : les souvenirs déclenchés par un indice temporel (comme aller chez le docteur à 8 heures), et les souvenirs déclenchés par des événements (se rappeler de poster une lettre en voyant une boîte aux lettres).
Dans ce deuxième cas, il n’est pas toujours nécessaire que les indices aient un lien avec ce qu’on doit se souvenir, le fameux bout de ficelle que l’on s’attache autour du doigt, et que l’on a préalablement associé à l’action à exécuter, en fait foi !
Conception, recherche et rédaction
Bruno Dubuc